Martine Pavot est la gardienne des statistiques. Directrice-adjointe des services au conseil régional, elle est chargée tout particulièrement des questions de formation. Martine Pavot est venue à Oignies forte des chiffres qui inquiètent et qui sont quelque part à la base de la réflexion initiale : « Pourquoi les emplois qui se créent dans l’Artois ne profitent pas en priorité aux gens qui y habitent ? » Un exemple ? 15 000 « décrocheurs » sont recensés au sein de l’académie de Lille, la plus grosse proportion en France et parmi eux 4 400 sont répertoriés en zone Artois, un tiers du total !
Fort de ce constat, Martine Pavot a égrainé tout ce qui avait été mis en place par la Région qui a compétence pour les lycées. Elle convient que ce n’est pas suffisant pour optimiser l’offre et la demande des entreprises : « Ce qui est fait au lycée professionnel de Oignies permet de créer des passerelles efficaces avec le monde du travail. En revanche, ce qui manque sans doute, c’est de la lisibilité. Dans notre offre de formation notamment mais aussi de la part des secteurs porteurs d’emplois. » Un autre chiffre est assez révélateur, celui du taux de chômage sur le bassin de Lens – Hénin : 16, 4 % alors que sur Arras, il est de l’ordre de 9, 4 %.
Pierre Veltz a beaucoup écouté ce qui s’est dit. Sur le fond de l’analyse, l’un des grands spécialistes français de l’organisation des entreprises, est d’accord. Son remède ? : « Décloisonner ! On n’avancera pas sans implication directe des chefs d’entreprise. Le lien à tisser est là et une fois solidifié, il permettra de trouver des solutions, y compris aux soucis de mobilité. » Même constat, mêmes préconisations pour Yves Lichtenberger, sociologue, spécialiste de la formation et invité lui aussi : « Il faut que tout bouge mais… en même temps. Deuxième priorité : placer la personne au centre des préoccupations ; ça perturbe les systèmes traditionnels.» D’où de nombreuses erreurs d’aiguillage à ses yeux qui peuvent être facilement corrigées. C’est le but justement.